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Equilibre...

Trouver l'équilibre... Faire des concessions...

 

Créer la musique d'un film implique un lien étroit avec le réalisateur, c'est un travail d'équipe qui peut prendre des formes innombrables : musique crée avant, pendant ou après le tournage, relations orageuses, fusionnelles du couple réalisateur/compositeur, définir le rôle de chacun, imposer un point de vue, le suggérer, convaincre le réalisateur...

Quelques exemples ? Stanley Kubrick sabrant sauvagement la musique originale de "Shining", composée par Wendy Carlos, pour n'en sauver que 2 titres et remplacer le reste par des extraits issus du répertoire contemporain, Quentin Tarantino refusant par principe de travailler avec un compositeur, mais aussi le compositeur Philippe Sarde, peu convaincu par la fin prévue par Bertrand Tavernier sur "Coup de torchon", qui lui dira : "laisse-moi écrire la musique, et tu auras vraiment la fin de ton film..."

Vous trouverez sur cette page et la suivante quelques sujets "patchwork" que nous n'avons pu aborder que brièvement cette année, sur le rôle de la musique au cinéma, le rôle des silences également, la musique originale ou issue du répertoire, 

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Souligner à l'excès les sentiments

Des le début des année 1930, lors de l'age d'or hollywoodien, on voit apparaitre des musique de film qui se révèlent parfois inaudibles en dehors du film. De nombreux compositeurs sont prisonniers d'une esthétique prédéterminée par les studios. Ils ont alors recours de manière systématique à la grande formation, au langage ouvertement post-romantique et à tout un arsenal d'effets codifiés pour "dramatiser".

La musique épouse alors les moindres détails de la situation plutôt que son sens. Ces partitions n'apportent pas de dimension supplémentaire à l'image, et deviennent même envahissantes à l'excès, comme on peut l'entendre dans certains films des années 30 (mais c'est encore le cas pour de nombreux films d'actions aujourd'hui (au hasard, la saga Transformers, par exemple, véritable remplissage perpétuel de bruits et de guitares saturées...)

A l'époque du muet également, les recettes pour "codifier" musicalement les situations sont bien déterminées, comme vous pourrez l'entendre dans cette vidéo très intéressante (en anglais) :

Un peu de recul, de distance par rapport à l'image sera apporté plus tard par des compositeurs comme Bernard Herrmann, Lalo Schiffrin ou encore Jerry Goldsmith. Ils amènent de la modernité en prenant parfois cette distance nécessaire avec l'image et en y intégrant aussi une évolution dans le langage musical. Ces nouvelles musiques de film ont un intérêt en elles-mêmes et sont même jouées en concert (comme les suites pour orchestre issues des partitions de Bernard Herrmann "Vertigo", "Psycho" ou "Citizen Kane") ! La musique de film, c'est d'abord de la musique !

De nos jours, ces effets redondants sont encore très présents dans la musique de film. Nous avons tous déjà vu une scène de "discours remotivant", quand tout semble "perdu", le tout appuyé par un grand crescendo orchestral...

surtout ces dernières années, comme une sorte de passage "obligé", au même titre que la fameuse phrase qui en devient insupportable ("on rentre à la maison" ...) présente dans la plupart des films américains "grand public"...

Le silence

Le silence, en musique, est une donnée indissociable, un effet puissant de respiration, de contraste. L'image associée au silence peut prendre des formes multiples, un sens profond ou une force supplémentaire. Voici un exemple dans "2001, l'Odyssée de l'espace" de Stanley Kubrik, où le silence entourant la disparition du cosmonaute peut devenir "assourdissant", porteur d'une puissance que les sons ne sauraient transmettre.

Musique en immersion

Voici la scène finale célèbre de "Et pour quelques dollars de plus" de Sergio Leone (musique d'Ennio Morricone), un couple réalisateur/compositeur indissociable.

La fameuse montre musicale, fil rouge de l'histoire, qui révèle tout son sens à ce moment du scénario. La montre devient un personnage du film, sa musique fait sans cesse l'aller-retour entre la perception qu'en ont les personnage et la musique du film en elle-même. Ces allées et venues provoquent un effet magique : on est à la fois spectateur et acteur, plongés dans un univers, dans l'action ; la musique nous happe, nous prenant par la main et nous amenant sur cette place funeste, au milieu des personnages.

C'est ce que l'on appelle les musiques diégétiques et extra-diégétiques.

Diégétique : qui fait partie de la "diégèse", c'est à dire de l'action ; elle est perçue par les personnages du film ; la musique est donc réelle à l'image, dans l'histoire ; dans la vidéo précédente, les protagonistes entendent la musique de cette montre.

Extra-diégétique : c'est la musique d'accompagnement du film, les personnages ne "l'entendent" pas.

La musique peut donc devenir un "personnage" du film, influer sur l'action, alimenter la tension dramatique et dans l'exemple du film de Sergi Leone, guider le rythme de la scène et lui donner son propre tempo !

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